Dès l’âge de deux ans, je savais que mon Giancarlo était différent. Il formulait des craintes absurdes, éprouvait des émotions trop extrêmes, en plus de commencer à oublier certains mots qu’il utilisait pourtant auparavant. Même si ses médecins tentaient de me convaincre que c’était dû aux effets secondaires d’un traitement qu’il subissait en raison d’un désordre rénal, mon instinct m’exprimait ses doutes. J’ai alors commencé à m’informer.

J’ai dû devenir experte en autisme pour pouvoir comprendre mon fils et répondre adéquatement à ses besoins et ses comportements. En plus d’être une mère et une enseignante, un second double rôle m’était attribué : celui d’être d’abord la porte-parole de mon fils, puis celui de me battre pour qu’il reçoive les thérapies et les services dont il avait impérativement besoin.

Alors que ma vie personnelle ainsi que tous les rêves que j’avais formulés quant à l’avenir de mes enfants s’effondraient pour prendre une nouvelle forme, ma vie professionnelle au Collège m’assurait tout de même une certaine stabilité. Le vendredi 27 janvier 2017, j’ai fusionné ces deux sphères de ma vie et j’ai introduit mon Giancarlo, mon trésor, aux Bogoss. Le moment fut à la fois magique et émouvant. En suivant quelques conseils, les 9 adolescents impliqués ont dû apprendre à respecter la limite à ne pas franchir dans l’espace de Giancarlo. J’ai observé ces merveilleux jeunes qui, chacun leur tour, ont plus d’une fois testé ma patience et les balises que j’essayais de leur imposer, et je n’ai aperçu dans leurs yeux que l’amour, l’acceptation et la joie.

Mes deux rôles, mes deux sphères, mes deux passions ont été réunis à travers l’art pour une cause pour laquelle je me battrai toujours : pour que ce monde soit prêt à intégrer mon fils, et qu’il soit prêt lui aussi à l’intégrer.